Un palace à Bangkok : le Mandarin Oriental

Un palace à Bangkok : le Mandarin Oriental

L’hôtel Mandarin Oriental de Bangkok est l’un des plus anciens établissements de la célèbre marque… Et après une vaste rénovation de 90 millions de dollars, … l’une de ses plus récentes.
Au 19ème siècle, alors que la Thaïlande s’appelait encore le Siam, la Bangkok tentaculaire d’aujourd’hui n’était qu’une ville émergeant dans une jungle dense au bord d’un fleuve boueux.
En 1847, une Bangkok plus reconnaissable commença à voir le jour : le temple Wat Arun fut achevé, et l’année suivante, la statue dorée du Bouddha couché de Wat Pho fut érigée.
À l’époque, les rives du fleuve Chao Phraya étaient bordées non seulement de temples mais aussi de baraques en bois.
Depuis la fin du 19e siècle, un icone demeure : le Mandarin Oriental, la Grande Dame parmi les hôtels d’Asie.

Un palace à Bangkok : le Mandarin Oriental
L'hôtel Oriental en 1881

Le nouvel Oriental a été le lieu de toutes les « premières » : le premier hôtel de luxe du pays, le premier hôtel avec éclairage électrique, des lustres importés, des couloirs en moquette et du papier peint parisien ; il avait le premier bar d’hôtel de Bangkok avec un salon de billard attenant. Ses 12 suites donnant sur le fleuve avec balcon privé étaient le choix évident des voyageurs aisés à la recherche d’un lieu de séjour confortable.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Oriental fut réquisitionné par le gouvernement japonais et transformé en club pour les officiers de l’armée nippone. Après la guerre, il servit de logement temporaire pour les prisonniers de guerre alliés libérés.
Par la suite, six investisseurs, dont le marchand de soie américain Jim Thompson, achetèrent le bâtiment au gouvernement et lui redonnèrent sa gloire d’antan. L’un des premières décisions fut d’inaugurer le « Bamboo Bar », lieu de rencontre toujours prisé de nos jours.
Les innovations et améliorations renforcèrent la réputation de l’Oriental.
En 1958, la construction de l’aile du jardin, haute de 10 étages, nécessita l’installation du plus haut ascenseur de Thaïlande, utile pour que les hôtes se rendent au nouveau restaurant français sur le toit, le Normandie.
La climatisation, indispensable dans le climat humide de Bangkok, fut installée dans l’ensemble de l’établissement en 1976.
L’acquisition d’un terrain adjacent, au bord du fleuve, permit l’édification d’une aile comportant 250 chambres.
L’hôtel a également été le refuge raffiné de voyageurs internationaux qui comptèrent non seulement des représentants du gouvernement mais aussi des acteurs, des musiciens parmi lesquels le romancier anglais W. Somerset Maugham, bloqué plusieurs semaines à l’hôtel par une crise de paludisme, et John Le Carré.
N’oublions pas le tsar Nicolas II de Russie, Eleanor Roosevelt, Audrey Hepburn, Louis Armstrong, Mick Jagger et la princesse Diana.
Certaines des plus belles suites de l’hôtel portent encore leur nom.

Les plans de la rénovation récente ont pris en compte l’histoire de l’Oriental et son importance culturelle pour Bangkok. La marque « Mandarin Oriental », devenue copropriétaire de l’hôtel en 1972, a contracté l’architecte d’intérieur Jeffrey Wilkes, connu pour son travail raffiné dans les hôtels de luxe d’Asie.
Les conceptions de Wilkes pour la rénovation ont intégré des éléments de la culture thaïlandaise, des évocations du fleuve et du passé de l’hôtel.
A titre d’exemple, les textiles utilisés proviennent de 294 modèles différents, certains tissés par des artisans locaux et 189 produits en Thaïlande par l’entreprise de Jim Thompson.
Sur les 331 chambres de l’hôtel, 300 ont vu leur design intérieur retravaillé où se mêlent des éléments thaïlandais traditionnels et des équipements modernes (enceintes Bluetooth, tapis de yoga et machines Nespresso).
La vue du fleuve Chao Phraya depuis les chambres s’est encore améliorée grâce aux nouvelles baies vitrées dont beaucoup s’ouvrent sur des balcons.
Les quatre restaurants ont été « repensés » et un cinquième ajouté : « Kinu by Takagi », première entreprise thaïlandaise pour le chef japonais Takagi Kazuo, bien connu du Michelin.
Les habitués du Normandie seront ravis d’apprendre que la carte est restée inchangée et que seule la salle à manger a connu des modifications.
Depuis la publication du premier Guide Michelin de Bangkok en 2017, Le Normandie a toujours su conserver ses deux étoiles en servant une cuisine française raffinée et proposant une vue exceptionnelle sur le fleuve Chao Phraya.
L’une des suites les plus « glamour » de l’hôtel, la suite orientale, est décorée de soies thaïlandaises, équipée de meubles en rotin et d’un parquet en teck (elle dispose également d’une cuisine complète et d’une salle à manger privée).
Sa rénovation comprenait une refonte de la terrasse de 60 m².
La pièce maîtresse de la somptueuse chambre principale de la suite orientale a été conservée : un spectaculaire lit à baldaquin sculpté à la main, surmonté d’un ornement évoquant un ananas, réalisé à la feuille d’or.
L’ananas a toujours été un fruit important dans la culture thaïe. C’est un symbole de grande hospitalité, de luxe, de noblesse et de richesse.
On ne peut en dire moins de la Grande Dame.

Jean-Louis Delbende

Photographies : www.mandarinoriental.fr

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