Visite du Roi de Thaïlande à Paris - 1960
Paris, le 22 octobre 1960 – Visite officielle du Roi Bhumibol de Thailande et de son épouse Sirikit.
«Bangkok, vers 1925, était encore une des villes les plus irréelles du monde, la sœur d’Ispahan et de Pékin. Pas de gratte-ciel, pas de ponts.
Sur la rive gauche, les temples couverts de morceaux d’assiettes de la Compagnie des Indes, étincelants dans le matin, et dont le vent faisait sonner les clochettes.
Les portes des palais surmontées de fleurs de porcelaine serrées comme celles des bouquets de mariées, et les cornes qui hérissaient une Asie de paravent. Je ne suis pas revenu à Bangkok.
Mon dernier souvenir de Thaïlande, c’est la visite des souverains en France.
Le roi, dans la voiture qui nous conduisait à Versailles, m’avait dit : “J’ai fait remarquer à Baudoin [le roi des Belges] que nous seuls, les rois, sommes encore capables d’être démocrates…”
Après le déjeuner, visite du château.
La reine Sirikit est l’invitée qu’a préférée entre toutes le général de Gaulle.(*)
Sa beauté était liée à la grâce que le bouddhisme donne aux femmes : elles semblent toujours préparer des bouquets. Dans la chambre de Marie-Antoinette, sur un chevalet, le terrible portrait commencé dans la gloire, terminé au Temple, et retrouvé plus tard, troué en maints endroits par les piques révolutionnaires.
La reine Sirikit me demanda pourquoi ces trous; je le lui expliquai.
Oubliant que je connaissais un peu sa religion, au moment de partir elle dirigea ses doigts vers eux, selon le geste de la bénédiction bouddhique…».
Sur la rive gauche, les temples couverts de morceaux d’assiettes de la Compagnie des Indes, étincelants dans le matin, et dont le vent faisait sonner les clochettes.
Les portes des palais surmontées de fleurs de porcelaine serrées comme celles des bouquets de mariées, et les cornes qui hérissaient une Asie de paravent. Je ne suis pas revenu à Bangkok.
Mon dernier souvenir de Thaïlande, c’est la visite des souverains en France.
Le roi, dans la voiture qui nous conduisait à Versailles, m’avait dit : “J’ai fait remarquer à Baudoin [le roi des Belges] que nous seuls, les rois, sommes encore capables d’être démocrates…”
Après le déjeuner, visite du château.
La reine Sirikit est l’invitée qu’a préférée entre toutes le général de Gaulle.(*)
Sa beauté était liée à la grâce que le bouddhisme donne aux femmes : elles semblent toujours préparer des bouquets. Dans la chambre de Marie-Antoinette, sur un chevalet, le terrible portrait commencé dans la gloire, terminé au Temple, et retrouvé plus tard, troué en maints endroits par les piques révolutionnaires.
La reine Sirikit me demanda pourquoi ces trous; je le lui expliquai.
Oubliant que je connaissais un peu sa religion, au moment de partir elle dirigea ses doigts vers eux, selon le geste de la bénédiction bouddhique…».
André Malraux,
Le Miroir des limbes, in Œuvres complètes, t. III, Paris, Gallimard, 1996.
Le Miroir des limbes, in Œuvres complètes, t. III, Paris, Gallimard, 1996.
(*) : Jacques Foccart, dans ses mémoires, raconte qu’il n’a vu qu’une seule fois le général De Gaulle impressionné par la beauté d’une femme : la reine de Thaïlande.
(Crédit photographique : Philippe Le Tellier – Paris Match).
Photographies provenant de la page Facebook du groupe Siamese Memories.